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Grippe aviaire

La grippe aviaire en dix questions

Le virus aviaire est-il transmissible à l’homme ? Peut-il se propager rapidement ? Quelles sont les armes face à une épidémie naissante ? Peut-on manger du poulet et des oeufs sans risque ?… Découvrez les réponses aux dix principales questions que vous vous posez sur la grippe aviaire et la menace de pandémie grippale.

1 - Qu’appelle-t-on grippe aviaire ?

Les virus influenza responsables de la grippe sont classés en différents types : A, B et C. Les plus fréquents, les virus Influenza A sont classés en 15 sous-types H et neuf sous type N. Chez les oiseaux, les infections par des sous types H5 et H7 sont particulièrement pathogènes, avec des mortalités de l’ordre de 90 à 100 %. Cette infection peut toucher presque toutes les espèces d’oiseaux, sauvages ou domestiques. Le virus se transmet entre animaux essentiellement par contamination aérienne (secrétions respiratoires) soit par contact direct, notamment avec les sécrétions respiratoires et les matières fécales des animaux malades, soit de façon indirecte par l’exposition à des matières contaminées (via la nourriture, l’eau, du matériel et des vêtements contaminés). Les oiseaux sauvages sont plus souvent des porteurs de souches de virus sans pour autant ne présenter aucun symptôme. Le contact de ces oiseaux migrateurs avec des volailles domestiques a été à l’origine de différentes épidémies aviaires.

Le virus Influenza aviaire peut éventuellement infecter d’autres espèces animales comme le porc ou d’autres mammifères. On parle d’épizootie de grippe aviaire lorsque la maladie affecte brutalement un grand nombre d’animaux à la fois dans une région donnée.

2 - Le virus influenza aviaire est-il transmissible de l’animal à l’homme ?

Le virus de la grippe aviaire de type A (H5/N1) peut se transmettre de l’animal à l’homme. C’est ce qui s’est produit depuis janvier 2004 en Asie, mais également en Chine en 1997 ("grippe du poulet à HongKong") avec un virus A (H5/N1) et aux Pays-Bas au printemps 2003 avec un virus A (H7/N7). La contamination aérienne se fait essentiellement lors de contacts étroits, prolongés et répétés dans des espaces confinés avec des sécrétions respiratoires ou des déjections d’animaux infectés, par voie directe ou indirecte (surfaces et/ou mains souillées par les déjections). De ce fait, ces cas restent exceptionnels et concernent principalement les personnes qui travaillent ou interviennent dans une zone contaminée : éleveurs, techniciens de coopératives, vétérinaires, équipes de nettoyage et de désinfection…

3 - Quels sont les pays touchés et les recommandations aux voyageurs s’y rendant ?

Des foyers d’épidémie ont été signalés dans une dizaine de pays d’Asie avec des cas de transmission à l’homme au Vietnam, en Thaïlande, au Cambodge et en Indonésie. Alors que ce virus infecte essentiellement les volailles, des rapports officiels font également mention de cas chez des canards et des porcs au Vietnam. L’évolution des pays affectés est régulièrement mise à jour sur le site de l’Organisation mondiale de la santé (OMS) et celui de l’Organisation mondiale de la santé animale.

Sur place :

Actuellement, l’OMS ne préconise pas de restreindre les voyages dans les zones concernées. En France, le Ministère de la santé recommande aux personnes se rendant dans les pays affectés par l’épizootie d’éviter tout contact avec les volatiles et les porcs vivants ou leurs cadavres, y compris sur les marchés. Il leur est également recommandé d’éviter tout contact avec une surface apparaissant souillée par des fientes de volailles ou des déjections d’animaux. Il est enfin interdit de rapporter un volatile vivant de ces pays, en particulier les oiseaux d’ornement. Il est également recommandé de ne pas y consommer de volaille mal cuites ou de produits à base d’oeufs insuffisamment cuits. Par ailleurs, les conseils généraux d’hygiène pour les voyages dans les pays en développement doivent être respectés, en particulier : éviter de consommer des produits alimentaires crus ou peu cuits et se laver les mains fréquemment à l’eau et au savon ou avec un soluté hydro-alcoolique qu’il est conseillé d’emporter de France.

De retour des zones d’épizootie :

Aucune mesure particulière telle que quarantaine, port d’un masque de protection, prise de sang ou traitement ne doit être proposé systématiquement, tant que la transmission inter-humaine n’est pas avérée. Si le voyageur présente un syndrome grippal dans les sept jours après son retour (fièvre > 38°C accompagnée d’une toux, d’un essouflement et de douleurs articulaires et musculaires), il est important de prendre l’avis d’un médecin via le centre 15.

4 - Ce virus est-il transmissible d’homme à homme ?

Concernant le virus aviaire H5N1, il n’existe pas de preuve d’une transmission inter humaine significative en Asie selon l’Organisation mondiale de la santé. Seules quelques suspicions très limitées (le cas d’une mère au chevet de sa fille mourante a un temps été évoqué) ont été évoquées. Mais le risque d’une pandémie humaine repose sur la survenue d’un virus influenza aviaire pathogène "humanisé".  

Une telle opération pourrait se faire en cas d’infection du virus aviaire chez une personne déjà contaminée par le virus de la grippe humaine : des échanges de matériel génétique entre ces deux virus pourraient aboutir à l’apparition d’un nouveau type de virus susceptible de se transmettre d’homme à homme, avec un risque d’épidémie voire de pandémie.

Mais ces réarrangements génétiques peuvent également se produire spontanément.

5 - Que signifie le terme pandémie grippale ?

Une pandémie grippale se définit comme une forte augmentation dans l’espace et dans le temps des cas de grippe qui finit par diffuser à l’ensemble des pays, accompagnée d’un nombre important de cas graves et d’une mortalité élevée. Elle résulte de l’introduction dans l’espèce humaine, le plus souvent à partir d’un réservoir animal, d’un virus grippal complètement nouveau, vis-à-vis duquel la population n’est pas encore immunisée.

Depuis décembre 2003 et l’apparition de cas humains d’infection à virus aviaire en Asie, l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) considère que nous sommes en phase pré-pandémique. Le dernier niveau avant la phase pandémique sera atteint lorsque le nouveau virus aura acquis une capacité de transmission inter humaine.

Phases pandémiques de l’Organisation Mondiale de la santé

Phases pandémiques de l’OMS
(et description abrégée)

Description

Phase 0, Niveau 0 de l’OMS
Interpandémique

Aucune indication d’un nouveau sous-type de virus n’a été signalée.

Phase 0, Niveau 1 de l’OMS
Identification d’un nouveau virus chez un humain

Détection d’un nouveau virus chez une personne.

Peu ou pas d’immunité dans la population générale.

Précurseur potentiel, mais pas inévitable, d’une pandémie

Phase 0, Niveau 2 de l’OMS
Infection humaine confirmée

Confirmation que le nouveau virus a infecté deux personnes ou plus, indiquant que le virus est infectieux chez l’homme.

Phase 0, Niveau 3 de l’OMS
Transmission interhumaine confirmée

Le nouveau virus présente une transmission soutenue de personne à personne avec au moins une éclosion au cours d’au moins une période de deux semaines dans un pays ou l’identification du nouveau virus dans plusieurs pays.

Phase 1 de l’OMS
Pandémie confirmée

Déclaration par l’OMS qu’une pandémie se produit lorsque le nouveau virus cause des taux exceptionnellement élevés de morbidité ou de mortalité dans de multiples régions géographiques étendues.

(Nota : Cela est susceptible de se produire au Canada après la déclaration par l’OMS d’une pandémie, mais peut se produire plus tôt si le nouveau virus émerge au Canada ou qu’il est rapidement importé après son émergence à l’extérieur du Canada.)

Phase 2 de l’OMS
Éclosions dans de multiples régions géographiques

Propagation accrue du virus avec la déclaration d’éclosions dans de multiples régions géographiques, entraînant le premier pic de morbidité et de mortalité.

Phase 3 de l’OMS
Fin de la première vague

Fin de la première vague à l’arrêt de l’activité grippale ou à sa réversion dans les régions initialement affectées.

Phase 4 de l’OMS
Deuxième vague ou vagues ultérieures

Recrudescence des éclosions causée par le virus pandémique (dans les trois à neuf mois selon les pandémies précédentes) suivant la vague d’infection initiale ; peut affecter différents segments de la population.

Phase 5 de l’OMS
Postpandémie/Rétablissement

Retour au cycle saisonnier "épidémique" avec un impact majeur de la maladie chez les personnes âgées et les enfants en bas âge

6 - Quels seraient les symptômes de la grippe pandémique ?

Après une durée d’incubation pouvant aller jusqu’à sept jours, la maladie se présenterait vraisemblablement d’abord comme une grippe banale (fièvre supérieure à 38°C associée à des maux de gorge, des douleurs musculaires et des troubles respiratoires comme une toux), mais elle s’aggraverait rapidement du fait de troubles respiratoires sévères. Toutefois, l’intensité et la nature même des symptômes de ce nouveau virus pourraient varier.

Le danger est que les premières victimes de ce nouveau virus se mélangent aux 3 millions de cas hivernaux de la grippe saisonnière. Dans ce cas, il sera difficile de les repérer. S’il existe des tests de diagnostic rapide de grippe, ils ne permettent pas d’en distinguer le type. Seule une virulence plus élevée de ce nouveau virus avec des conséquences sanitaires importantes (hôpitaux débordés…) permettra de donner l’alerte.

Différence entre virulence et contagiosité

La virulence se définit par la capacité d’un virus ou d’un agent infectieux d’induire une maladie grave. La contagiosité se définit par la capacité d’un virus ou d’un agent infectieux d’être transmis d’une personne à l’autre. Le rhume est du à un virus très contagieux, qui est peu virulent (guérison spontanée). Inversement, certaines méningites virales, parfois sévères, sont dues à des virus qui ne sont pas contagieux. Dans le contexte de la naissance d’une pandémie grippale, il s’agit de l’adaptation d’un virus virulent et peu contagieux, qui devient contagieux ; on redoute l’apparition d’un virus qui, subitement, acquiert la capacité d’être très contagieux et de diffuser rapidement.

7 - Existe-t-il un vaccin chez l’homme ? Quand sera-t-il disponible ?

Tout d’abord, il convient de préciser que le vaccin contre la grippe saisonnière ne protègera pas contre le virus de la grippe aviaire ou le possible virus muté. Actuellement, deux laboratoires Pasteur et Chiron testent des vaccins fabriqués à partir de la souche H5N1 mise à la disposition des chercheurs par l’Organisation mondiale de la santé. Ce vaccin dirigé contre le virus aviaire actuellement observé en Asie (appelé vaccin pré-pandémique) pourrait être utilisé pour vacciner d’une part les professionnels de santé qui traiteraient les personnes malades en provenance d’Asie, d’autre part les professionnels en contact avec un élevage français touché par le virus actuellement en circulation en Asie. En cas de pandémie, ce vaccin ne serait efficace que si le nouveau virus est proche du virus pré-pandémique actuellement connu (H5/N1).

Un vaccin totalement efficace ne pourra être fabriqué que lorsque la souche du virus responsable de la pandémie sera connue et isolée. Le délai de fabrication serait de plusieurs mois (4 à 6 selon les experts).

8 - Existe-t-il un traitement préventif ou curatif efficace chez l’homme ?

Oui, deux classes de médicaments antiviraux sont disponibles :

  • Les inhibiteurs de la protéine virale M2 (amantadine et rimantadine) sont actives contre les virus influenza A, mais présentent quelques inconvénients : elles ont une mauvaise tolérance rénale, hépatique et neurologique. De plus, des résistances apparaissent rapidement ;
  • Les inhibiteurs de la neuraminidase (zanamivir - Relenza ® - et oseltamivir - Tamiflu ®) sont efficaces en réduisant l’intensité et la durée des symptômes s’ils sont administrés dans les 48 heures après l’apparition des premiers symptômes. Ces médicaments possèdent également une action préventive vis-à-vis de l’infection de la grippe. Des études présentées lors de la conférence européenne sur la grippe à Malte semble témoigner d’une réduction de la mortalité chez des patients atteints de grippe et traités par Tamiflu ®.

Lors de ce même congrès, le CDC ( Centre américain pour le contrôle et la prévention des maladies) d’Atlanta a présenté les résultats sur la sensibilité aux antiviraux des souches A (H5N1). Et il semblerait que les souches soient devenues résistantes à l’amantadine et à la rimantadine. En cas de pandémie, seuls les inhibiteurs de la neuraminidase seraient donc efficaces. Dans le plan prévu pour lutter contre l’entrée d’un virus pandémique sur le territoire, il est prévu de pouvoir distribuer de façon importante du Tamiflu ®. Cet antiviral a été préféré du fait de sa facilité d’utilisation (gélule ou poudre pour solution buvable alors que le Relenza ® est pris par inhalation).

Les antibiotiques, inactifs sur les virus, ne sont utilisés qu’en cas de surinfection bactérienne.

9 - Y a-t-il un risque de contamination lié à la consommation de volailles ou d’oeufs ?

Il convient tout d’abord de rappeler l’interdiction, au sein de l’Union Européenne, d’importer des volailles vivantes, des viandes de volaille et des oeufs en provenance de Thaïlande (seul pays importateur affecté par la grippe aviaire).

De plus, la transmission du virus Influenza aviaire s’effectue par voie aérienne. Selon l’Agence Française de Sécurité Sanitaire des Aliments (AFSSA), le risque de contamination de l’homme par ingestion de viandes infectées est considéré comme faible voire négligeable : d’une part, les propriétés infectieuses des virus influenza sont détruites très rapidement à des températures supérieures à 60°C (pendant 5 minutes à 60°C, 1 minute à 100°C), d’autre part, dans l’hypothèse d’une ingestion de viande de volaille ou d’oeufs contaminés et crus, le virus serait détruit par l’acidité du liquide gastrique.

10 - En cas de transmission inter humaine du virus, quelles seraient les mesures permettant de limiter sa propagation (de ralentir la progression de la pandémie) ?

Le virus de la grippe se transmet principalement par des gouttelettes respiratoires émises lors de la parole, de l’éternuement ou de la toux. Différentes mesures devraient ainsi être respectées afin de ralentir la propagation du virus, parmi lesquelles :

  • Le maintien à domicile des personnes atteintes, en l’absence de complications graves, permet d’éviter la transmission du virus notamment en milieu de soin. Les professionnels de santé libéraux assureront la prise en charge à domicile et décideront de l’hospitalisation des cas graves ;
  • La quarantaine à domicile pendant 6 jours des personnes ayant eu des contacts sans protection avec des malades ;
  • Le port de masque permet de limiter le risque de transmission du virus ;
  • Le virus peut aussi se trouver sur les mains et les surfaces inertes. Le respect strict des mesures classiques d’hygiène permet également de limiter le risque de transmission du virus : le lavage des mains est essentiel. Il doit se faire soigneusement au savon durant au moins 30 secondes et doit être répété dans la journée, en particulier après les mouchages et les éternuements, après chaque contact avec un malade, après chaque sortie et retour au domicile. Il est également essentiel de se couvrir la bouche et le nez chaque fois qu’on tousse ou qu’on éternue ; ne pas cracher par terre, mais toujours dans un mouchoir ; utiliser des mouchoirs en papier à usage unique ; toujours se laver les mains après chacune de ces actions ;
  • Enfin, en situation pandémique, des mesures visant à interdire les lieux de rassemblement pourront être prises.

Selon des recherches récentes, l’apparition d’une pandémie naissante en Asie pourrait être contenue grâce à une identification rapide de l’épidémie naissante (dans les 21 jours) l’utilisation rapide et ciblée d’antiviraux dans un rayon de 5 à 10 kilomètres du premier cas identifié et des mesures d’éloignement. Pour en savoir plus, lire notre article "Grippe aviaire : la stratégie anti-pandémie".

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