Sermon de la Dame Zainab Damas
Discours de la Dame Zainab Bint Ali dans le palais de Yazid à Damas:
Ô peuple de Kufa, ô peuple de la duperie et de la trahison, vous vous lamentez pour nous ! Que jamais ne tarissent vos larmes, que jamais vos supplications ne se taisent. Vous êtes semblables à celle qui défait le fil de son fuseau après l'avoir solidement tordu. Vous avez cru au Saint Prophète (saww) mais vous avez, vous-même, trahi votre engagement. Car, vous considérez vos serments comme un sujet d’injure entre vous. Il n’y a parmi vous que des courtisans, vaniteux, vicieux, orgueilleux et cruels. En réalité, vos agissements ne relèvent que de la flatterie de servantes à ses maîtresses et vous médisez en cachette comme des ennemis. Vous êtes telle une végétation sur un marécage, une prairie sur un fumier, un ornement d’argent sur un tombeau. Vos paroles sont pleines d’éclats mais vos actes sont détestables. Le mal que vous avez commis causera votre perdition et certainement le courroux d’Allah s’abattra sur vous et vous demeurerez éternellement dans le châtiment.
Vous pleurez alors que vous avez décimé de vos propres mains nos bien-aimés. Pourquoi donc gémissez-vous ? Par Allah, vous devriez pleurez abondamment et rire peu. Par ce crime et votre trahison vous ne récolterez que disgrâce et discrédit. Jamais vous ne vous débarrasserez de cette souillure. Jamais vous ne parviendrez à laver cet affront : celui de l’assassinat du fils du Sceau des Prophètes (saw), le chef de la jeunesse du paradis, le refuge des meilleurs d’entre vous, l’espoir de ceux qui vivent dans l’oppression, le phare des preuves d’Allah et le guide de la Sunna. Qu’Allah vous châtie pour votre horrible méfait.
Désormais vos efforts seront vains, vos mains vont se flétrir, vos transactions vous conduiront à votre chute. Vous encourez la punition d’Allah et vous serez très certainement condamnés à la disgrâce et à l’humiliation.
Ô peuple de Kufa ! Soyez maudits ! Savez-vous quel être chéri par le Prophète vous avez mis à mort et les voiles de quelles femmes vous avez offensés ? Savez-vous le sang de qui vous avez répandu et quel tabou vous avez transgressé ? La gravité de votre péché pourrait fendre les cieux, diviser la terre et réduire en poussière les montagnes. Vous avez commis un acte innommable. Il ne serait point étonnant de voir se déverser sur vous une pluie de sang et votre rétribution sera une torture encore plus terrible. Personne ne trouvera assistance et méfiez-vous, il n’y a ni répit ni sursis. Dieu ne se presse pas pour punir et Allah ne craint pas la vengeance. En vérité, votre Seigneur est à l’affût. »
L’Imam Sajjad (as) dit alors : « Ô ma tante ! Soyez patiente. Ceux qui demeurent doivent apprendre de ceux qui les ont précédés. Par la grâce d’Allah vous êtes instruite sans avoir été enseignée. Les larmes et le chagrin ne ramèneront pas ceux qui ne sont plus de ce monde. »
Après cela, Imam Sajjad (as) tenta de s’adresser à la foule. Mais redoutant l’impact de l’éloquence de notre Imam (as), dans le but de perturber son discours, les militaires amenèrent les têtes des martyrs et les levèrent au-dessus de la foule. La population commença à pleurer et leurs cris résonnèrent dans l’air. La tête d’Imam Hussayn (as) précédait celle des autres et tous ceux qui la voyaient, furent en larme. Voyant la tête bénie de son père, Imam As-Sajjad (as) sanglota et interrompit son sermon.