Dame Zainab as
NOM : Zaynab
TITRE : Siddiqa-é- Sougra
Kounyat : Oummoul Massâ-îbe
NEE LE : 5 Jammadil awwal à Madina
NOM DU PERE : Hazrat 'Ali (as)
NOM DE LA MERE : Djanàbé Fatéma Zahra (ahs)
C’est à la 5ème année, après que les musulmans aient raccompagnés le Prophète (saw) et sa famille pour la migration vers Madina, que Hazrat Fatéma (as) a mis au monde une fille.
Quand son père, Hazrat 'Ali (as), a vu sa fille pour la première fois, Imam Houssen (as) âgé de presque 3 ans était avec lui. L’enfant s’exclama de bonheur: "O père, Allah m’a donné une sœur".
A ces mots, 'Ali (as) a eu les larmes aux yeux, et quand Imam Houssein (as) lui demanda pourquoi il pleurait, il lui répondit qu’il le saura bientôt.
Fatéma (as) et 'Ali (as) n’ont pas donné de nom à leur fille pendant quelques jours après sa naissance car ils attendaient le retour du voyage du Prophète (saw) qui proposerait le nom.
Quand finalement, le bébé fut apporté au Prophète (saw) qui le prit et l’embrassa. L’ange Gabriel apparut et transmit le nom de l’enfant et commença à pleurer. Le Prophète lui demanda pourquoi il pleurait, ce à quoi il répondit: "O Prophète de Dieu, depuis son jeune âge, cette fille restera entouré de tristesse, affliction et épreuves dans ce monde. D’abord, elle pleurera votre séparation de ce monde. Puis, la perte de sa maman, puis l'assassinat de son père, puis celui de son frère Hassan (as), puis de son frère Houssein (as).
Ensuite, elle sera confrontée sans aide aux malheurs de ce désert dont les conséquences feront qu’a la fin ses cheveux deviendront gris et son dos courbé.
Quand les membres de la famille ont entendu cette prophétie, ils se sont tous mis en larmes. Imam Houssein compris pourquoi son père avait pleuré auparavant.
Puis le Prophète l’a nommé Zaynab (as).
Quand la nouvelle de la naissance a atteint Salman al Farssi, celui-ci vint à 'Ali (as) pour le féliciter. Mais au lieu de voir 'Ali (as) se réjouir et être heureux, il l’a vu essuyer des larmes, lui aussi fut informé des événements de Karbala et des difficultés que Zaynab (as) aura à affronter.
Un jour, alors que Zaynab (as) avait 5 ans, elle a fait un rêve étrange. Un vent violent se leva dans la ville et assombrit la terre et les cieux. La petite enfant était ballottée de partout, et soudain elle s’est retrouvé coincée dans les branches d’un grand arbre. Mais le vent était si fort qu’il déracina l’arbre. Zaynab (as) s’accrocha fermement à une branche, mais celle-ci se cassa. Dans la panique, elle attrapa deux tiges mais elles ont cédé et Zaynab tombait dans le vide sans support.
Puis elle se réveilla.
Quand elle en parla à son grand-père le Prophète (saw), il pleura amèrement et dit:
Ô ma fille, cet arbre c’est moi qui vais quitter ce monde. Les branches sont ton père 'Ali et ta mère Fàtémà Zahrà et les tiges sont tes frères Hassan et Houssein. Ils quitteront tous ce monde avant toi, et tu souffrira de leur séparation et de leur perte.
Zaynab a partagé avec ses frères et sœur l’extraordinaire position d’avoir des exemples à suivre, d’apprendre d’eux et d’en obtenir tout le bien de son grand-père le Saint Prophète d’Allàh, sa mère Fàtémà (as), fille du Prophète, et de son père 'Ali (as), cousin et gendre du Prophète.
Dans le pure environnement qui l’a entouré, elle a appris les enseignements de l’islam que le Prophète à dispensé, puis son père 'Ali (as). Elle y a appris aussi à maîtriser la gestion de la maison avec une grande compétence.
Elle avait à peine atteint l'âge de 7 ans quand sa mère mourut. La perte de sa mère a été précédé de peu par celle de son grand-père, le Saint Prophète.
Quelques temps plus tard Imàm 'Ali se maria avec Oummoul Banine dont la dévotion et la piété encouragea Zaynab (ahs) dans son enseignement.
Etant encore jeune fille, elle était pleinement capable de diriger la gestion de la maison.
Autant elle prenait soin du confort et aise de ses frères et sœurs, autant dans ses propres besoins elle était généreuse pour les pauvres, sans abris et orphelins.
Après son mariage , son mari, est reporté avoir dit: "Zaynab est la meilleur maîtresse de maison".
Depuis son jeune âge, elle développa un lien incassable d'attachement à son frère Imàm Houssein (as). Au moment où elle était encore bébé dans les mains de sa mère, elle ne pouvait s'arrêter de pleurer tant que son frère ne la tenait pas ou ne se mettait pas devant elle pour la calmer. Plus tard, quand elle allait faire ses prières, elle avait l’habitude de voir d’abord le visage de son frère bien-aimé.
Un jour, Fàtémà (ahs) a fait mention de l’intense affection de sa fille pour son frère Imàm Houssein au Prophète (saw). Celui-ci a soupiré profondément et a dit, les yeux pleins de larmes: "Ma chere fille, cette enfant Zaynab serait confronté aux milles et une calamités et devrait faire face aux pires difficultés à Karbalà".
Zaynab (ahs) a grandit en une femme de bonne stature. Peu de chose est connue sur son apparence physique. Au moment de la tragédie de Karbalà vers ses 55 ans, elle fut forcé à sortir sans le Chador. C’est là que quelques personnes ont remarqué qu’elle apparaissait comme un soleil radieux et un morceau de la lune.
Quand à ses caractères, elle reflétait les meilleurs attributs de ceux qui l’avait élevée. En sobriété et sérénité, elle ressemblait à Oummoul M’ominine, sa grand mère Khadijà (ahs), en modestie et chasteté, à sa mère Fàtimà Zahrà (ahs), en éloquence à son père 'Ali(as),en prévoyance et patience à son frère Imàm Hassan (as), et en bravoure et tranquillité à son frère Houssein (as)
Son visage reflétait l’âme de son père 'Ali et la révérence de son grand-père.
Quand vint le moment de mariage, elle fut marié à son cousin Abdoullàh ibné J’àffar Tayyàr dans une cérémonie simple.
Abdoullàh fut élevé sous la direction du Saint Prophète (saw). Après sa mort, c’est 'Ali (as) qui devint son tuteur et son gardien jusqu’à ce qu’il soit grand. Il grandit d’une bonne jeunesse avec des manières plaisants et était connu pour son hospitalité sincère et pour sa générosité sans faille aux pauvres et nécessiteux.
Ils eurent (Abdoullàh et Zaynab)(as). cinq enfants dont 4 garçons 'Ali, Aun, Mohammad, et Abbas - et une fille Oummé Koulçoume.
A Madinà, Zaynab avait la pratique de tenir régulièrement des réunions pour femmes où elle exposait ses connaissances et enseignait les préceptes de la religion musulmane selon la base du Qour’àne. Ces assemblées étaient biens et régulièrement suivies et assistées. Elle était capable de dispenser des enseignements avec une telle clarté et éloquence qu’elle devint connue comme "Fàsihàh" (extrêmement habile) et "Bàlighàh (intensivement éloquente).
En l’an 37 (A.H.), Imàm 'Ali s’installa à Kouffà afin de conforter sa position de Khalife. Il était accompagné de sa fille Zaynab (ahs) et son mari. Sa réputation de maîtresse inspirée d’enseignement parmi les femmes l’avait précédée.
Là aussi, les dames ont demandé à tenir les assemblées quotidiennes où elles bénéficiaient du savoir, sagesse et enseignement de l'exégèse du Qour’àne de la part de Zaynab (as).
La profondeur et la certitude de son savoir lui a valu le nom de "''Alimàh Ghayr Mo’allamàh" (savante sans avoir été enseignée) que son neveu, Imàm Zaynoul Abidine (as), lui a donné.
On l’appelait également Zàhidàh (discrète) et Abidàh (devoué, adoratrice d’Allàh) à cause de sa "modestie" et piété .
Elle trouvait peu d'intérêt aux affaires mondaines d’ici-bas préférant préparer la tranquillité et le confort du monde futur. Elle disait que pour elle la vie de ce monde était comme un endroit stagnant engendrant fatigue inutile le long de la journée.
Humble et ayant un morale solide, son principal soucis était de satisfaire Allàh en évitant les choses interdites et douteuses
Autre présentation:
Elle fut surnommée Umm Al-`Awâjiz (La Mère des indigents), en raison de sa miséricorde envers les pauvres et les démunis. Elle fut aussi surnommée Umm Hâshim (Mère des Hachémites), car suite au drame de Karbalâ’, elle veilla sur la descendance du Prophète — paix et bénédictions sur lui — et sur son neveu `Alî Zayn Al-`Âbidîn, le seul survivant de la bataille parmi la progéniture de l’Imâm Al-Husayn. Le gouverneur d’Égypte, ayant ensuite pris l’habitude de tenir ses conseils officiels dans sa demeure, elle fut surnommée Ra’îsat Ad-Dîwân (Présidente du Conseil). Montagne de bravoure et de foi, elle fut le symbole de la patience dans l’adversité et de la vérité face au despotisme.
Sa naissance dans une famille bénie
Durant le mois de Sha`bân de l’an 5 A.H., Médine attendait une bonne nouvelle venant de la noble demeure du Messager — paix et bénédictions sur lui —. Après la naissance d’Al-Hasan et d’Al-Husayn, Dame Fâtimah Az-Zahrâ’ et `Alî Ibn Abî Tâlib — qu’Allâh les agrée — s’apprêtaient à accueillir un nouveau don d’Allâh : Zaynab Bint `Alî Ibn Abî Tâlib.
Aussitôt que Dame Fâtimah Az-Zahrâ’ donna naissance à sa fille bénie, Dame Asmâ’ Bint `Umays prit la nouveau-née dans ses bras et, s’adressant à Dame Fâtimah, elle dit : « Ô fille du Messager d’Allâh ! Elle te ressemble dans l’apparence et la beauté. La splendeur de la prophétie est incarnée dans cette nouvelle née qui ressemble tellement à son frère Al-Husayn ! » Az-Zahrâ’ loua alors Allâh et Le remercia de Sa grâce.
Dame Zaynab grandit dans la maison de la prophétie, de la lumière et de la guidance. Elle reçut une éducation spirituelle raffinée du côté de sa mère ; son père l’Imâm `Alî Ibn Abî Tâlib ne manqua pas de lui inculquer les bonnes mœurs ainsi que les valeurs de la dignité, de la chasteté et de la décence. On rapporta qu’un jour, alors que la petite Zaynab était assise sur les genoux de son père — qu’Allâh l’agrée — et que celui-ci jouait avec elle, il lui dit : « Dis "un" ». Alors elle dit : « Un ». Il lui demanda de dire « deux » mais elle se tut. L’Imâm lui dit alors : « Vas-y chérie ! » Zaynab sourit et dit : « Ma langue qui a prononcé le "Un" (l’Unique) ne pourrait pas prononcer le "deux" ». L’Imâm `Alî — qu’Allâh honore sa face — la serra alors dans ses bras et l’embrassa entre les yeux. Elle lui demanda aussi un jour : « Ô père, nous aimes-tu ? » Il répondit : « Comment voulez-vous que je fasse autrement alors que vous êtes le fruit de mon cœur ! » Elle dit alors : « Ô père, l’amour est pour Allâh et la tendresse pour nous ».
On rapporta également qu’à l’âge de cinq ans, Dame Zaynab cherchait déjà à devancer sa mère en se précipitant pour faire ses ablutions aux heures des prières, puis vers son sanctuaire pour prier avec elle. Dame Fâtimah Az-Zahrâ’ la serrait alors tendrement dans ses bras et l’embrassait en lui disant : « Qu’Allâh t’accorde le bien ainsi qu’à tes enfants pieux. Ma chère fille, comme si je te voyais défendre le droit violé par des arguments solides et une éloquence invraisemblable ».
La même année, Dame Zaynab perdit son grand-père, le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —. Son décès enveloppa les musulmans d’un voile de deuil et un climat de tristesse régna dans la maison prophétique. Faisant l’adieu au Prophète, son père l’Imâm `Alî dit : « Toute patience est belle sauf vis-à-vis de toi et toute impatience est mauvaise sauf à ton endroit. Notre malheur en ta perte est immense ; et notre misère avant et après toi est infinie ». Sa mère, Dame Fâtimah Az-Zahrâ’, ne put supporter la séparation ; elle fut à son tour rappelée par son Créateur quelques mois plus tard.
C’est ainsi qu’en perdant très tôt sa mère, elle apprit le sens de la responsabilité, de la fermeté et fut bien consciente des grands événements qui se déroulèrent à l’époque des Califes bien guidés. Durant le califat de `Umar Ibn Al-Khattâb —, Dame Zaynab épousa `Abd Allâh Ibn Ja`far Ibn Abî Tâlib. Leur noce eut lieu à Médine alors que l’armée de `Umar venait de réaliser de grandes victoires dans ses conquêtes en Iraq et au Shâm. Les Compagnons comme `Abû Dharr Al-Ghifârî et Salmân Al-Fârisî fêtèrent tous cette occasion bénie. Ce mariage donna naissance à quatre fils —`Alî, `Abbâs, `Awn et Muhammad —, ainsi qu’à une fille — Umm Kulthûm [1].
Une adoration pure
Dame Zaynab passait ses nuits à la porte de son Seigneur demandant Sa satisfaction et se dévouant à Son adoration. Elle n’abandonna jamais ses prières nocturnes même à la veille de l’assassinat de son frère Al-Husayn qui lui demanda de ne pas l’oublier dans ses invocations.
Parmi les invocations de son grand-père — paix et bénédictions sur lui — qu’elle avait l’habitude de réciter, l’on cite : « Ô Celui Qui se vêtit de la gloire et s’en habilla. Glorifié soit Celui dont la grandeur est le manteau. Glorifié soit-Il : sauf à Lui, la glorification ne doit être attribuée. Glorifié soit Celui Qui, par Son Savoir et Sa Puissance, cerne toute chose. Glorifié soit Celui Qui détient l’honneur, les bienfaits et les grâces. Glorifié soit le Puissant et le Généreux. Ô Allâh, je Te demande par la grandeur de Ton trône, par la clémence infinie de Ton Livre, par Ton grand Nom, Ta splendeur et Tes mots accomplis, de faire miséricorde à Muhammad et à ses descendants purifiés et de m’accorder le bien ici-bas et dans l’au-delà. Allâh, Tu es le Vivant Qui n’a besoin de rien alors que tout a besoin de Lui. C’est Toi Qui me guidas et c’est Toi Qui me nourris. C’est toi Qui me donnas et me prendras la vie… Ta miséricorde, ô Le plus Clément parmi les cléments ».
Pendant qu’elle animait ses nuits par les prières nocturnes, elle répétait souvent ces vers [2] :
Combien a-t-Il de douceur cachée dont la subtilité échappe à la raison de l’intelligent…
Et combien de prospérité arriva après l’adversité mettant fin à la misère du cœur attristé…
Et combien de choses t’inquiètent le matin, alors que la bonne nouvelle te parvient la nuit…
Si un jour tu te trouves en adversité, aie confiance en l’Un, l’Unique et le Haut…
Et prends le Prophète comme intercesseur car tout serviteur, est certes secouru par l’intercession du Prophète…
Et ne t’inquiète guère si un malheur arriva, car combien a-t-Il de douceur cachée.
Son adoration, son humilité et la finesse de son âme eurent un effet remarquable sur les gens qui l’entouraient et se reflétèrent dans ses paroles et dans les poèmes qu’elle composait dont [3] :
Des yeux veillèrent et d’autres s’endormirent, pour des choses qui arriveront ou qui n’arriveront pas….
Un Seigneur t’ayant hier suffi, te protégera certes de ce qui arrivera demain…
Chasse donc tout souci de ton âme autant que possible, car avoir des soucis serait une folie.
Une femme face au despote
La vie de Dame Zaynab ne peut être abordée sans mention des événements de Karbalâ’ et du malheur qu’encoururent les descendants du Prophète — paix et bénédictions sur lui — pendant et après cette bataille qui affligea le cœur de tout croyant. En 61 A.H., l’Imâm Al-Husayn, accompagné par les descendants du Prophète, dont Dame Zaynab, partit pour Al-Kûfah à la demande de ses habitants voulant se révolter contre Yazîd Ibn Mu`âwiyah. À l’époque, ce dernier était un Calife connu pour son despotisme, son injustice et sa perversion.
Dama Zaynab ne cacha pas son inquiétude pour son frère qui risquait ainsi de se faire tuer, en comptant surtout sur des gens ayant autrefois manqué à leur promesse de soutenir son père. Bien que consciente du danger qui menaçait la vie de l’Imâm Al-Husayn, elle choisit de l’accompagner et de le soutenir dans cette épreuve. Sur le chemin du convoi béni vers Al-Kûfah, Dame Zaynab — qu’Allâh l’agrée — dit à son frère : « J’ai entendu ce soir un appel me disant :
Ô les yeux, préservez donc quelques efforts, sinon, qui pleurera les martyrs après ?
Qui pleurera sur ces gens conduits par leur sort, vers la réalisation d’une promesse faite avec mesure ? [4] »
Al-Husayn répondit alors : « Ô sœur, toute chose prédestinée arrivera ».
Le convoi étant arrivé à Al-Kûfah, `Abd Allâh Ibn Ziyâd, à l’époque gouverneur de Bassora et d’Al-Kûfah, dépêcha sous la direction de `Umar Ibn Sa`d une armée de quatre mille soldats afin de combattre l’Imâm. Les gens d’Al-Kûfah ayant manqué à leur promesse, Al-Husayn n’avait de son côté que 72 partisans, tous descendants du Prophète, en plus d’un groupe de personnes qui préféra le martyre dans le camp de l’Imâm. Entendant arriver de loin l’armée d’Ibn Sa`d, Dame Zaynab alla chercher son frère et le trouva la tête sur les genoux. Elle s’approcha de lui et le réveilla, alors il leva les yeux vers elle et lui dit : « J’ai vu le Prophète — paix et bénédictions sur lui — en songe et il me dit : “Tu viendras chez nous” ». Émue, Dame Zaynab cria : « Ô malheur à moi ! » Alors il répondit : « Le malheur n’est guère à toi, ma sœur. Calme-toi, qu’Allâh te fasse miséricorde ».
Al-Husayn, l’héritier du Messager miséricordieux, avait demandé à ses compagnons de retourner chez eux, sains et saufs, accompagnés des femmes et des enfants, et de le laisser faire face aux injustes, seul. Mais ses vaillants partisans jurèrent de ne point l’abandonner et de le defendre corps et âme aussi longtemps qu’ils seront de ce monde.
La veille de la bataille de Karbalâ’, Dame Zaynab entendit son frère composer des vers tristes décrivant la médiocrité de l’ici-bas. Elle se tourna vers lui et dit : « Mon frère, ce sont les paroles de celui qui sait qu’il sera certainement tué ! » Il répondit alors : « Oui ma sœur ». Elle pleura disant : « Ô combien grande est ma perte, ô combien grande est ma tristesse. Si seulement la mort m’arrachait la vie ! Ô mon Husayn, Ô mon seigneur, Ô celui qui me reste parmi ma famille, tu te présentes à tes assassins et perds tout espoir dans cet ici-bas. C’est seulement aujourd’hui que mourut mon grand-père le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui —. C’est aujourd’hui que mourut ma mère Fâtimah et mon père `Alî et mon frère Al-Hasan ». Al-Husayn la regarda et essaya de la calmer en lui disant : « Ma sœur, que Satan ne vole pas ta clémence, garde donc la patience qu’Allâh conseilla. Sache que tous les habitants de la terre mourront, que les habitants des cieux ne resteront pas et que toute chose périra à part la Face d’Allâh Qui créa les créatures par Sa puissance, Qui les ressuscitera, leur rendra la vie et Qui est l’Unique. Mon grand-père est mieux que moi, mon père est mieux que moi, ma mère est mieux que moi, mon frère est mieux que moi. Nous sommes tous censés prendre le Messager d’Allâh — paix et bénédictions sur lui — comme modèle ». Puis il dit : « Si le soir on laissait le ganga tranquille, il dormirait ». Dame Zaynab dit : « Malheur à moi Husayn, tu te laisses prendre par tes ennemis. Ceci est plus brisant pour mon cœur et plus dur pour moi ».
Le combat commença ; les descendants du Prophète tombèrent en martyrs l’un après l’autre sous les yeux de Dame Zaynab. Voici `Alî, le fils de l’Imâm Al-Husayn combattant bravement aux côtés de son père jusqu’à ce qu’il fut épuisé et cria : « Ô père la soif me tue et la lourdeur du fer m’épuise ». Les larmes de l’Imâm coulèrent et il répondit : « Patience, un peu de courage et bientôt sera la rencontre avec ton grand-père Muhammad — paix et bénédictions sur lui —, alors il te donnera à boire de sa coupe la plus noble ». Quelques instants et Dame Zaynab vit les soldats porter vers sa tente, le corps de son neveu. Aussitôt que ses yeux tombèrent sur cette scène, elle sortit de sa tente, se dirigea vers `Umar Ibn Sa`d et lui dit : « Ô `Umar, tue-t-on Abû Abd Allâh alors que tu restes spectateur ?! » Les larmes aux yeux, `Umar ne supporta pas ses paroles et tourna son visage ailleurs. Voyant à la fin de la bataille Al-Husayn assassiné et ses deux fils martyrisés, Dame Zaynab s’écria : « Ô Muhammad ! Que le Seigneur du ciel t’accorde la paix, voici Husayn par terre, membres mutilés, et voici tes filles emprisonnées. À Allâh est ma complainte, à Muhammad, à `Alî Al-Murtadâ, à Fâtimah Az-Zahrâ’ et à Hamzah maître des martyrs ».
Voyant la tête de son frère portée sur les lances des hypocrites, Dame Zaynab dit [5] :
Ô croissant qui, aussitôt devenu parfaitement abouti, fut injustement éclipsé et périt….
Frère de mon cœur, je n’ai guère imaginé, Que telle sera ta destinée…
Elle s’adressa ensuite aux gens d’Al-Kûfah qui s’étaient rassemblés pour voir le convoi triste conduit vers `Abd Allâh Ibn Ziyâd, et dit : « Louange à Allâh et paix et bénédictions sur mon père Muhammad et sur sa descendance pieuse et bienfaisante. Ô gens d’Al-Kûfah, gens de la tromperie et de la duperie, pleurez-vous ? Que vos larmes ne cessent de couler et que votre douleur ne cesse de vous peiner. Vous êtes comme celle qui défit brin par brin sa quenouille après l’avoir solidement filée en prenant vos serments comme un moyen pour vous tromper les uns les autres. Malheur à vous, gens d’Al-Kûfah, savez-vous quel proche parent du Prophète avez-vous attaqué et quel sang lui avez-vous effusé ? Vous avez certes commis une chose abominable. Peu s’en faut que les cieux ne s’entrouvrent, que la terre ne se fende et que les montagnes ne s’écroulent. Que la clémence d’Allâh ne vous enorgueillit car votre Seigneur est à l’affût ».
À l’arrivée du convoi au palais de `Abd Allâh Ibn Ziyâd, ce malheureux criminel dit avec réjouissance et fierté : « Louange à Allâh qui vous a scandalisé, vous a tué et a démenti vos histoires. » Dame Zaynab prit alors la parole et répondit : « Louange à Allâh qui nous a honoré par Son Messager — paix et bénédictions sur lui — et qui nous a parfaitement purifié des vices. Allâh ne scandalise que le pervers et ne dément que le vicieux qui est autre que nous. » Ibn Ziyâd lui demanda alors : « N’as-tu pas vu ce qu’Allâh fit de ta famille et de ton frère ? ». Dame Zaynab dit : « Je n’ai vu que le bien. Ce sont des gens qu’Allâh enregistra comme martyrs et les voici martyrisés. Allâh vous rassemblera un jour et l’on verra à qui sera la victoire ». Il s’exclama alors : « Quel courage ! Ton père était un poète courageux ». Dame Zaynab répondit : « Fils de Ziyâd, de quel courage parles-tu ? Le courage n’est aucunement mon souci. Cela m’étonne que l’assassinat de tes imâms te soulage alors que tu es bien conscient de leur vengeance dans l’au-delà ».
Remarquant un jeune homme parmi les prisonniers, `Abd Allâh Ibn Ziyâd se renseigna sur son identité. Apprenant qu’il s’agissait de Zayn Al-`Âbidîn, le fils d’Al-Husayn, Ibn Ziyâd voulut le tuer, sauf que Dame Zaynab le défendit farouchement disant : « Tu as suffisamment effusé notre sang et tu t’en es abreuvé ! Nous as-tu laissé que lui ? Par Allâh, je ne me séparerai guère de lui. Si tu veux le tuer, tue moi donc avec lui ! » C’est ainsi que, grâce à la bravoure de Dame Zaynab, Zayn Al-`Âbidîn fut le seul survivant de Karbalâ’ parmi la progéniture de l’Imâm Al-Husayn.
Le convoi fut ensuite envoyé vers la Syrie où siégeait Yazîd Ibn Mu`âwyah. Dans son palais, Dame Zaynab ne craignit pas non plus de lui adresser ces paroles : « Louange à Allâh, Seigneur des mondes et paix et bénédictions sur son Messager et sa descendance pieuse. Penses-tu Yazîd qu’en nous infligeant une défaite et qu’en nous conduisant comme prisonniers, Allâh nous aurait humilié et qu’Il t’aurait honoré ? Patience ! As-tu oublié la parole d’Allâh — Exalté soit-Il — : “Que les incroyants ne voient pas un avantage dans le sursis que nous leur donnons. Ce sursis ne sert qu’à accroître leur péché. À eux la honte du tourment...” [6] Allâh te suffira comme juge, Muhammad — paix et bénédictions sur lui — comme adversaire et Gabriel comme opposant... Qu’Allâh nous rétribue, et réforme notre Califat, Il est certes le Tout Miséricordieux ». Yazîd ne put commenter ce que lui adressa Dame Zaynab et lui proposa de l’argent. Dame Zaynab répondit : « Ô combien dur est ton cœur Yazîd ? Tu tues mon frère et tu me proposes de l’argent ? Par Allâh, cela ne sera jamais ! »
Dame Zaynab fut ensuite envoyée à Médine. Aussitôt arrivée, elle se dirigea vers le tombeau de son grand-père. On rapporte l’avoir vue accrochée à la porte de la mosquée du Prophète, les larmes coulant sur les joues appelant : « Ô grand-père je t’annonce le martyr de mon frère Al-Husayn ». Elle se mit ensuite à raconter aux habitants de Médine les événements amers qui se déroulèrent à Al-Kûfah. Ceci suscita l’inquiétude du gouverneur de Médine qui avertit Yazîd contre le danger de sa présence dans les terres saintes. On demanda alors à Dame Zaynab de choisir une autre contrée que celle de son grand-père pour s’y installer. Elle choisit l’Égypte.