Création des animaux
Création de la fourmi
Louange à Dieu que nul sens ne peut saisir, ni scène englober, ni regard atteindre, ni voile cacher, qui manifeste son éternité par l'événement de la création.
J'atteste que Mohammad est son serviteur, son messager préféré ainsi que son confident élu, que Dieu lui accorde paix et bénédiction de même qu'à ses siens.
Si les humains raisonnaient sur la grande puissance de Dieu et sur l'abondance de ses faveurs, ils se réconcilieraient avec le droit chemin et craindraient les peines de l'enfer.
Cependant leurs cœurs sont malades et leurs intelligences malsaines!
Ne contemplent-ils pas ses créatures minuscules? Il a bien parfait les composantes de son œuvre, l'ayant douée de vue, d'ouïe, en modelant les os et la peau!
Observez la fourmi dans la modestie de sa taille, la délicatesse de ses mouvements. Elle passe à peine perceptible par le regard, et à peine attire l'attention! Regardez comment elle se déplace lentement et s'active à la recherche de sa nourriture, traînant la graine à sa loge, la déposant à son endroit. Elle rassemble sa nourriture en saison chaude pour s'en servir en saison froide et effectue des randonnées pour garantir son repos.
Le Bienfaiteur ne la perd pas de vue et Dieu ne la prive pas de ses besoins selon sa nature; fût elle sur le rocher aride ou sur la pierre lisse.
Si tu réfléchissais un instant sur ses entrailles et sur ses organes, sur sa taille et sa petitesse, sur sa tête et ce qu'elle peut porter comme yeux et oreilles, tu serais émerveillé par sa création et sa description te paraîtrait ardue.
Gloire à celui qui l'a dressée sur ses pattes et l'a soutenue sur ses membres!
Celui-là se distingue dans son œuvre sans assistance aucune.
A force de pousser son raisonnement jusqu'au bout, l'homme aboutira à la conclusion que la fourmi et le palmier ont le même Créateur. Car la perfection de l'œuvre est partout la même bien que difficile à saisir dans ses détails.
Le grandiose comme le délicat, le lourd comme le léger, le puissant comme le faible, tous ont le même Créateur.
Il t'est loisible d'en dire de même sur la sauterelle.
Dieu lui donna deux yeux rougeâtres, une paire de prunelles lumineuses, la dota d'ouïe toute fine, et d'une bouche bien faite, la munit d'une forte sensibilité, de deux mandibules tranchantes, et de deux faucilles saisissantes.
Elle terrorise les cultivateurs qui demeurent impuissants, dussent ils unir leurs forces pour contrecarrer son action, attaque les cultures pour satisfaire son appétit.
Pourtant, sa taille est moindre que celle d'un petit doigt de la main.
Grâce soit rendue à Dieu devant qui tous les occupants des cieux et des terres se prosternent par consentement ou par contrainte, inclinent joues et fronts. Ils lui proclament leur soumission et leur faiblesse, lui confient leur sort par respect et par crainte.
Assujettis lui sont les oiseaux; il en a décompté les plumes et les battements de cœur; les soutient en temps d'abondance comme de disette. Il en dénombre les espèces: l'espèce des corbeaux, celles des faucons, des pigeons et des autruches. I1 nomme chaque espèce par son nom et lui assure sa pitance.
Il créa les nuages chargés d'eau dont il fit tomber des averses, en en distribuant les quantités requises pour chaque contrée, en abreuvant la terre aride et en y faisant pousser la végétation.
A propos de la chauve-souris
Observez comment les yeux de la chauve- souris sont incapables de tirer profit de la lumière du soleil pour se diriger et connaître son chemin.
Par l'éblouissement de cette lumière elle-même, Dieu l'a empêchée de se déplacer, la retenant prisonnière dans ses caches, paupières closes pendant le jour et se servant de la nuit comme lanterne qui l'assiste dans la quête de sa nourriture, sans être gênée par l'obscurité profonde.
Mais à peine le soleil commence-t-il à jeter ses rayons, l'aube à paraître et le jour naissant à atteindre les lézards(Le lézard, comme tous les animaux à sang froid, profite du premier rayon du soleil pour se réchauffer) blottis dans leurs trous, que la chauve - souris referme les paupières, satisfaite d'avoir pu acquérir sa substance pendant sa vie nocturne.
Louange à celui qui fit de la nuit, pour cette créature, jour et moment d'activités; et du jour nuit et moment de quiétude et de repos.
Il lui réserva une partie de son corps pour voler en cas de besoin, telle des oreilles dépourvues de plumes et de duvet, laissant, par transparence, les veines nettement visibles.
L'équilibre de ses ailes est tel que plus fines, elles se déchireraient, et plus épaisses, elles seraient trop lourdes à manier.
Etreints par leur mère pour les protéger, les petits lui tiennent compagnie dans ses déplacements, s'élevant quand elle s'élève mais courant le risque de tomber quand elle tombe.
Aucune séparation n'est envisagée sauf lorsqu'ils s'assurent du développement de leurs corps, sentent leurs ailes assez solides pour les porter, et devenant capables de vivre de leur propre chef et aptes à connaître ce qui leur est profitable.
Loué soit celui qui créa toute la nature sans éprouver le besoin de se référer à un modèle quelconque.
Dieu les créa merveilleusement, inertes comme animés, inactifs comme pleins de mouvements; signes qui témoignent de la délicatesse de son œuvre et de la grandeur de sa puissance.
Il érigea des preuves devant lesquelles l'esprit ne peut rester incrédule ni sceptique; preuves qui nous révèlent son unicité. De son œuvre surgit également l'immense variété d'oiseaux ayant élu domicile dans les anfractuosités de la terre, les fentes des cols et les cimes des monts, avec des ailes et des formes différentes. Libérés à eux-mêmes mais maintenus dans le cercle de la bride ils volent à travers le firmament immense et les espaces infinies.
Dieu les modela à partir du néant, leur donnant des formes merveilleusement apparentes, montées sur des charnières dissimulées.
En dotant certains oiseaux d'une grande taille, Dieu les empêcha de voler rapidement, mais il leur permit de voleter avec un bruyant battement d'ailes.
Par la subtilité de sa puissance et la finesse de son art, il leur donna une diversité de couleurs.
Parmi eux il en est qui sont teints d'une seule couleur et il en est d'autres qui ont également une autre couleur en collier autour du cou et qui est contrastante.
Parmi les créatures les plus merveilleuses: le Paon.
Dieu lui a donné une forme parfaite, a admirablement agencé les couleurs de son plumage. Le mâle porte une chatoyante livrée et une longue queue qu'il déploie en éventail en s'approchant de la paonne.
Quand il fait la roue, sa queue ressemble à une ombrelle. Il parade en se donnant un air avantageux, se pavane avec orgueil.
Il couvre la femelle comme un coq quelconque mais il a l'ardeur d'un étalon en rut.
Je vous conseille de le voir par vous - mêmes non pas à l'instar de celui dont l'argument repose sur un appui faible.
Si cela était comme le pensent ceux qui prétendent que le paon féconde sa femelle par des larmes qui se fixeraient entre ses paupières, que celle - ci viendrait avaler et pondre par la suite grâce uniquement à ces larmes et sans le secours de la semence d'un mâle, cela serait aussi absurde que la croyance qui veut que la femelle du corbeau soit fécondée par ce qu'elle ingurgite du gosier de son mâle.
On prendrait ses plumes pour des halos d'argent joints à des éclats de soleil d'or pur et d'émeraude.
Son plumage, comparé aux plantes de la terre, serait une fleur représentative de tous les printemps; aux habits il serait d'une dentelle finement brodée; aux parures, on dirait des bagues dont les chatons sont de différentes couleurs serties dans un bel argent.
Le paon s'avance avec arrogance, contemple sa traîne et ses ailes, se pâme d'aise devant la magnificence de son habit et le coloris de son plumage.
Mais à regarder ses pattes, il s'écrie d'horreur et gémit à faire pitié. Son cri témoigne d'une amertume réelle devant la grossièreté de ses pattes telles celles d'un vulgaire coq doté d'un ergot hideux.
Pour crête, il a une sorte de mèche verdâtre et tachetée. Le parcours du cou est tel le bec d'une aiguière qui lui descend jusqu'au ventre avec le décor d'un tatouage yéménite, ou d'une soie ornée de miroirs luisants et voilée de noir.
Par l'abondance de son eau, la puissance de son éclat qui semble dégager un vert tendre qui forme un tout avec ce noir, il trompe le regard.
A la fente des oreilles, scintille en contraste avec ce noir une ligne de la blancheur d'une marguerite, comme l'œuvre d'une fine plume. Rare serait la couleur dont il n'aurait pas une juste mesure, la surpassant en éclat et en beauté. De ses couleurs, on dirait qu'elles sont issues d'une multitude de fleurs dont aucune pluie printanière n'a été l'artisan de la croissance, et qui, de surcroît, n'ont connu aucune canicule.
Il lui arrive de perdre ses plumes l'une après l'autre comme les feuilles des branches, et se dénuder ainsi. Aussitôt après, elles repoussent méthodiquement jusqu'à ce qu'elles deviennent ce qu'elles étaient avant la mue, sans aucune différence d'avec son coloris d'antan, sans qu'une couleur en remplace une autre.
A examiner la moindre parcelle d'une plume, vous verrez à la fois un orange rosâtre, un vert d'émeraude et un jaune d'or.
Comment une intelligence, si profonde soit elle, pourrait en saisir le prodige? Qu'adviendrait-il à ceux qui tenteraient d'en donner la description?
La plus petite partie du paon a rendu l'imagination incapable de la percevoir et les langues impuissantes à la décrire.
Loué soit celui qui a ébloui les esprits, les empêchant ainsi de pouvoir saisir exclusivement dans sa forme et ses couleurs une créature si visible; celui qui a rendu les langues impuissantes à en décrire les qualités.
Les plus petites bêtes de la création
Loué soit celui qui assimila les petites fourmis et les mouches à d'autres créatures supérieures dans le monde des cétacés et des éléphants!
Il décide que toute créature à qui il insuffle la vie rencontrera la mort à son terme et l'anéantissement comme but suprême.