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Reconnaître l'ulcère

"L'ulcère est une altération de la muqueuse de l'estomac ou du duodénum qui est la première partie de l'intestin grêle", explique le Dr Hervé Hagège. "Dans la plupart des cas, la douleur de l'ulcère se situe au niveau de l'épigastre, c'est-à-dire au milieu de l'abdomen et au-dessus de l'ombilic (nombril). Parfois, elle se situe aussi à droite sous les côtes (hypocondre droit)".

"Ce qui est très caractéristique de la douleur liée à l'ulcère, précise le Dr Hagège, gastro-entérologue, c'est qu'elle est rythmée par les repas. En général, lorsque la personne a mal, il lui suffit de manger quelque chose ou de boire un verre d'eau ou de lait, pour que cela "tamponne" l'acidité, donc calme la douleur. On a mal de nouveau 2 ou 3 heures après, lorsque l'acidité par l'estomac est à son maximum. La douleur peut être également nocturne."

"Il faut être vigilant à ne pas confondre la douleur d'un ulcère à l'estomac avec celle d'une maladie coronarienne", met en garde Hervé Hagège, médecin gastro-entérologue. "Dans les deux cas, le patient peut avoir mal au milieu de la poitrine. Mais classiquement, l'ulcère n'irradie pas dans le bras ou la mâchoire". Si c’est le cas, il peut s’agir non d’un ulcère, mais d’un infarctus, et il faut consulter en urgence. En revanche, pas de risque de confondre avec un reflux gastro-œsophagien. "L'ulcère donne une douleur comme une crampe ou une sensation de faim douloureuse alors que le reflux provoque une brûlure remontant dans l’oesophage."

On a longtemps pensé que l’ulcère était d’origine psychosomatique. En fait, une bactérie, l’Helicobacter pylori est responsable de la plupart des ulcères de l'estomac ou du duodénum. Les autres cas sont dus majoritairement à l'emploi des anti-inflammatoires non stéroïdiens (AINS), type Aspégic®, Kardégic®, Aspirine du Rhône, Aspirine Upsa, Salipran... "Et si, en plus, les personnes prennent régulièrement de l'aspirine ou des anti-agrégants plaquettaires à la suite de problèmes cardiovasculaires, il faut être vigilant car le risque de saignement de l'ulcère est accru", insiste le Dr Hagège.

"Au-delà de 65 ans, quand un médecin prescrit un anti-inflammatoire non stéroïdien (Aspégic®, Kardégic®, Aspirine du Rhône, Aspirine Upsa, Salipran…) pour des douleurs quelconques, il doit impérativement prescrire en même temps un médicament anti-secrétoire gastrique(IPP) afin de protéger l'estomac", note le Hervé Hagège, gastro-entérologue. "Avant cet âge, tout dépend du terrain". Et dans tous les cas l'alcool, le tabac et les antécédents d'ulcère dans la famille sont des facteurs qui doivent amener à être attentif à son estomac.

On parle d’ulcère perforé quand "l'ulcère attaque et creuse la muqueuse de l'estomac. Parfois celle-ci peut se perforer. Le liquide contenu dans l'estomac se répand dans le péritoine, c'est-à-dire dans la cavité abdominale", explique le Dr Hervé Hagège, gastro-entérologue. Comment se rendre compte de cette complication ? "La douleur initialement située au niveau de l'épigastre gagne tout le ventre qui devient dur".
Attention : il s'agit d'une urgence vitale.

Le saignement est la principale complication de l’ulcère. "C'est le signe que l'ulcère a touché un vaisseau de la paroi de l'estomac ou du duodénum", précise le Dr Hagège, gastro-entérologue. "Dans ce cas, on assiste à deux types de symptômes : soit la personne vomit du sang, soit ses selles contiennent du sang digéré. Elles sont alors noires et collantes comme du goudron avec une odeur très forte. Plus rarement, le seul signe est l'anémie aiguë avec chute de tension et tachycardie (accélération permanente ou paroxystique du rythme cardiaque). Dans tous les cas, il s'agit d'une urgence vitale."

"La seule façon d'être sûr qu'il s'agit bien d'un ulcère c'est la gastroscopie qui consiste à introduire un fin tuyau muni d'une caméra et de mini instruments dans l'estomac de façon à regarder l'état de la muqueuse et pratiquer des prélèvements (biopsies). On vérifie ainsi la présence d'Helicobacter pylori, une bactérie responsable de plus de 90% des ulcères en dehors des médicaments anti-inflammatoires, et l'on peut écarter un éventuel cancer gastrique", explique le Dr Hervé Hagège, gastro-entérologue.

Puisque l'ulcère est souvent dû à une bactérie, il faut la supprimer. "Le traitement nécessite la prise d'une double antibiothérapie associée à une double dose de médicament anti-sécrétoire (inhibiteur de la pompe à proton ou IPP)", explique le Dr Hervé Hagège, gastro-entérologue. "Il dure 7 jours et il est efficace dans environ 70% des cas. Il est donc impératif de vérifier son efficacité. Il n’est pas nécessaire de refaire une gastroscopie, mais simplement un test respiratoire non invasif et parfaitement toléré. Ce test doit être effectué au moins 4 semaines après la fin du traitement." Si l'Helicobacter pylori n’a pas été éradiqué, un traitement de 2ème ligne peut être nécessaire.

Oui, un ulcère peut récidiver. "C'est pourquoi, lorsqu'une personne ayant déjà été traitée pour un ulcère présente à nouveau les symptômes, il faut penser à un nouvel épisode ulcéreux", précise le Dr Hervé Hagège, gastro-entérologue. "Il faut surtout essayer d’éradiquer l'Helicobacter pylori, ce qui nécessite parfois plusieurs lignes de traitement d’éradication associant aux anti-sécrétoires gastriques différents antibiotiques". Quoi qu'il en soit, avant de mettre un traitement anti-ulcéreux en route, il faut être sûr qu'il s'agit bien d'un ulcère, sinon on risque de masquer, par une amélioration des symptômes, un problème plus grave. Des examens endoscopiques sont donc toujours nécessaires."

 

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